Direction de la pharmacie et du médicament : le maître d’oeuvre de la politique pharmaceutique ; La disponibilité des produits pharmaceutiques est un principe intangible dans notre pays

Les médicaments essentiels en dénomination commune internationale (DCI)sont accessibles sur l’ensemble du territoire. Tous les malades peuvent se procurer ces médicaments aux coûts, les plus bas possibles. Cette philosophie sous-entend toute la politique pharmaceutique nationale. La direction de la pharmacie et du médicament (DPM), en charge de la conception et de l’élaboration de la politique pharmaceutique, s’appuie sur cette vision globale. La DPM assure l’étude des dossiers d’ouverture et d’exploitation des établissements privés.

Elle supervise les établissements d’importation et de vente en gros de produits pharmaceutiques, les officines de pharmacie, les dépôts de produits pharmaceutiques. La structure représente dans la mise en œuvre de cette politique ce qu’est le maestro dans un orchestre. Le Pr Ousmane Doumbia, directeur général de la direction de la pharmacie et du Médicament, explique le rôle de catalyseur de sa structure dans cette politique : « nous avons le devoir d’assurer la coordination, le suivi et le contrôle. La mise en oeuvre de cette politique pharmaceutique nous incombe ».

Dans notre pays, le choix a été fait depuis quelques années. La politique pharmaceutique est axée sur la promotion et la disponibilité des médicaments essentiels en DCI. Ces médicaments, malgré la conjoncture économique, sont accessibles à la bourse du citoyen lambda. Il les retrouve au niveau des officines pharmaceutiques privées ou des établissements de santé. Le Pr Ousmane Doumbia explique que le Mali a choisi cette voie tout en sachant que les autres grossistes n’allaient pas nous suivre. L’État a signé un contrat plan avec la Pharmacie populaire du Mali (PPM), le maillon essentiel de la mise à disposition des médicaments. Ce contrat plan stipule que les structures publiques de santé doivent s’approvisionner en DCI auprès de la pharmacie populaire. Mais à l’épreuve des dysfonctionnements sont apparus dans l’application des schémas. Aujourd’hui, il y a nécessité de faire en sorte que le contrat plan puisse être respecté par toutes les parties prenantes. La politique pharmaceutique nationale a des acquis, parce que l’organisation du système sous la férule de la DPM a porté fruit. Les médicaments essentiels en DCI sont disponibles dans les pharmacies privées et dans celles des établissements de santé. Ceci répond parfaitement à l’objectif général de la politique pharmaceutique nationale. Il s’agit en termes clairs de rendre accessible géographiquement, physiquement et financièrement à la population, les médicaments essentiels de qualité. Le Pr Ousmane Doumbia cite l’exemple du Clamoxyl dont la boîte de 12 gélules coûtait 5000 Fcfa. Ce même médicament en DCI revient aux malades à 300 Fcfa. Des efforts doivent être faits pour plus d’équité dans la prise en charge des maladies.

Dans la mise en oeuvre de la politique pharmaceutique, il y a non seulement l’accès aux médicaments mais aussi un circuit d’approvisionnement performant en dépit de quelques difficultés. Même si 75 à 95% des objectifs sont atteints, des contraintes majeures se posent. Elles sont faciles à aplanir. Mais il faudra plus de collaboration entre les acteurs à en croire les responsables de la direction de la pharmacie et du médicament. La politique pharmaceutique nationale s’intéresse également à la lutte contre les médicaments illicites ou de la rue. Une accessibilité financière aux médicaments dans les pharmacies permet de combattre ce fléau qui représente un danger. A ce titre, un interlocuteur de la jeune garde de pharmaciens nous rappelait de façon burlesque les risques liés à ces produits. "Pour moi, la différence entre un poison et un médicament, c’est la façon de le prendre" a-t-il conclu. Le directeur de la Pharmacie et du médicament est conscient des enjeux financiers que représentent les médicaments illicites. Mais les moyens mis à disposition pour combattre ce trafic sont insuffisants. Il pousse l’analyse plus loin. La vente illicite de médicaments apporte des milliards de dollars. Ce gain atteste de l’importance des enjeux économiques à ce niveau. Aujourd’hui tout le monde est d’accord qu’on ne peut pas se prévaloir des textes pour soutenir que la situation va changer. La lutte contre les médicaments illicites n’est pas un pari gagné d’avance. Il faut plus de sensibilisation, de mobilisation autour de la question. Il faut l’implication de nous tous pour circonscrire le phénomène.

par Bréhima Doumbia


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